Apprendre le portrait avec la méthode Loomis
Pourquoi il faut aller plus loin que la planche 35
Quand on découvre la méthode Loomis pour apprendre à dessiner un visage, une planche revient sans cesse : la fameuse planche 35, celle où les proportions semblent enfin claires, nettes, mesurées. Un visage bien découpé, des repères précis, des tiers et des demi-tiers… tout semble y être pour « réussir » un portrait. Mais cette planche, aussi rassurante soit-elle, peut induire en erreur si elle est utilisée isolément.
Une planche qui rassure… peut-être un peu trop
Lorsque l’on débute le dessin, on est rempli d’incertitudes. On doute de notre coup de crayon, on hésite sur les placements, les volumes, les orientations. Et face à ce flou, quoi de plus attirant qu’un schéma mathématisé qui semble nous dire :
« Voici comment faire, voici les mesures exactes » ?
C’est là que la planche 35 exerce son pouvoir : elle rassure, elle donne l’illusion que le dessin peut être réduit à une formule. Un demi-tiers par ici, une ligne par là, une distance à reporter…
Tout devient calcul. Et cette sensation de maîtrise immédiate est terriblement séduisante.
Mais Andrew Loomis, l’auteur de cette méthode, n’a pas commencé par là.
Cette planche est en réalité une planche isolée d’un long processus, absolument pas son point de départ.
Ni son point d’arrivée.
Un travail d’observation et de construction
Ce que l’on oublie trop souvent, c’est que Loomis, avant de proposer ce découpage si précis, qui n’est qu’une théorisation des proportions figées, a décortiqué les étapes de la construction d’un visage. Dans les planches précédentes, il insiste sur plusieurs éléments fondamentaux :
Observer l’orientation du visage
Chercher des formes basiques, géométriques
Ne pas tout préciser dès le début
Reporter les détails comme les yeux à la toute fin
Autrement dit : Loomis ne commence jamais par calculer ou plaquer des proportions idéales. Il commence par chercher.
La recherche avant la certitude
La planche 35 a eu du succès parce qu’elle apporte des certitudes.
Mais dans la réalité du dessin, il faut justement s’en méfier.
Se raccrocher trop vite à une grille figée, c’est passer à côté de ce que Loomis voulait vraiment enseigner : la capacité à construire un visage à partir de l’observation, et non à partir d’un système rigide.
Il montre dans d’autres planches à quel point la géométrie interne du visage varie d’un individu à l’autre.
Sauter cette étape d’exploration, c’est risquer de plaquer un modèle standardisé sur un visage qui ne l’est pas.
Les yeux au milieu ? Une coïncidence, pas une règle
À la fin du processus, il se peut que les yeux tombent pile au milieu de la hauteur du visage.
Mais si c’est le cas, c’est une coincidence heureuse !
Ce n’est pas une règle à suivre à la lettre.
Le vrai dessin, celui que Loomis cherche à transmettre, ne repose pas sur des grilles automatiques. Il repose sur une recherche active, sur une adaptation constante à ce que l’on voit.
En résumé : la méthode Loomis, ce n’est pas une recette magique
La planche 35 n’est qu’un outil parmi d’autres, utile notamment à l’invention.
Ce n’est pas un raccourci. Apprendre le portrait avec la méthode Loomis, c’est accepter de ne pas savoir tout de suite, de tâtonner, d’observer, de construire avant de mesurer.
Et c’est précisément cela qui rend le dessin vivant.
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