Débutants en dessin : ne commencez pas par les volumes !
Quand on débute le dessin, il est courant de tomber sur les mêmes conseils : commencez par dessiner des cubes, des cylindres, des sphères.
La promesse est simple : en maîtrisant les formes géométriques de base, vous saurez dessiner n’importe quoi.
N’importe quelle forme complexe !
Mais cette méthode est-elle réellement efficace ? Et surtout, est-elle adaptée à un débutant ?
Rien n’est moins sûr.
Dans cet article, on vous explique pourquoi commencer par les volumes peut freiner votre progression.
Et comment aborder autrement le dessin pour progresser plus vite et avec plus de plaisir.
1. Le réflexe actuel : cubes, cylindres et cônes sont la base de toute forme
La majorité des formations en dessin adoptent une approche classique : faire dessiner des volumes simples, en perspective, posés sur une table.
L’objectif ? Apprendre à comprendre la 3D, à construire mentalement les objets, et à poser des ombres cohérentes.
Cette méthode a ses vertus :
Elle entraîne l’œil à percevoir les formes dans l’espace.
Elle aide à simplifier des objets complexes.
Elle permet une meilleure gestion de la lumière, car un volume, c’est une alternance de faces orientées différemment.
Mais pour un débutant, cette approche est souvent abstraite, technique, et décourageante.
2. Le vrai problème : le « syndrome du pantin »
À force de schématiser la figure humaine en volumes élémentaires (bustes en pavé, jambes en cylindres, têtes en sphères), le dessin devient rigide.
Il perd toute souplesse, toute vie. Vous obtenez une structure correcte… mais sans émotion, sans présence.
Au lieu de dessiner ce que vous voyez vous apprenez à dessiner des formes géométriques que vous ne voyez pas et devez solliciter de mémoire.
Cela vous éloigne de l’observation !
Le risque est de se perdre dans une projection de formes mémorisées, au lieu d’apprendre à observer les informations visibles.
3. Ce que les grands dessinateurs font vraiment
Prenons l’exemple de Kim Jung Gi, cet artiste coréen incroyable capable de dessiner des scènes complexes à main levée, sans repère ni repentir. Lorsqu’on lui demande comment il fait, il explique qu’il voit mentalement les volumes.
Il a intégré depuis longtemps les formes simples, et il les utilise en pensée, comme une grille de lecture souple, jamais comme un carcan rigide.
Il ne commence pas par des cubes. Il commence par une vision globale, par une idée spatiale fluide.
Et surtout : il observe, ressent, et comprend.
4. Une autre voie pour les débutants
Plutôt que de débuter par des schémas techniques, vous pouvez :
Apprendre à observer le modèle tel qu’il est en le cartographiant. Découvrez ici notre méthode de construction
Travailler les relations entre les formes, plutôt que des volumes isolés.
Utiliser la lumière comme un indicateur : un changement d’ombre = un changement de plan.
Dessiner des objets du quotidien en les regardant vraiment, pas en les reconstruisant mentalement.
Et surtout, ne pas avoir peur de dessiner mal. C’est en ratant qu’on apprend à sentir.
5. Utiliser les volumes, oui… mais au bon moment
La simplification en volumes simples n’est pas inutile.
Elle est même très utile… à condition de ne pas commencer par là.
Utilisez-la en cours de route, pour vous aider à comprendre ce que vous observez, pour analyser une posture, une torsion, un changement de plan.
Mais ne la laissez pas vous déconnecter du réel.
Un dessin vivant naît d’un regard vivant.
Conclusion : observez d’abord, projetez ensuite
Si vous débutez, ne commencez pas par les volumes.
Commencez par regarder, par tracer, même maladroitement.
Dessiner c’est capter un monde sensible.
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