⚡️ Les artistes en herbe rencontrent souvent la même difficulté : où placer les yeux dans un visage ?
Faut-il suivre les fameuses méthodes qui indiquent que les yeux sont au milieu de la tête, ou diviser le visage en trois tiers ?
Et surtout : est-ce que ces repères sont universels, valables pour tous les visages, tous les âges, toutes les origines ?
Dans cet article, nous allons voir pourquoi ces méthodes ont leur intérêt, mais aussi pourquoi elles sont limitées, voire piégeuses, lorsqu’on dessine d’après le vivant.
Les règles classiques : yeux au milieu et méthode des trois tiers
Vous avez probablement déjà entendu dire que :
Les yeux se trouvent au milieu de la hauteur de la tête, comme le montre la planche de Loomis.
Le visage peut être divisé en trois tiers : racine des cheveux à la ligne des sourcils, sourcils au bas du nez, nez au menton.
Ces deux règles ne sont pas incompatibles, et elles sont justes dans des conditions bien précises :
Un visage en position anatomique, parfaitement de face ou de profil. Un visage d’adulte, normé, idéalisé.
Mais dès que le modèle a un visage un peu plus long, large, jeune, ou même juste tourné légèrement, ces repères ne fonctionnent plus.
Théorisation vs observation : deux approches du dessin
Il est essentiel de faire la différence entre théorisation des proportions et construction par observation.
De tout temps, les artistes ont cherché à mesurer le corps humain.
Ils ont étudié les proportions les plus fréquentes (proportions normées), mais aussi les proportions dites idéales, c’est-à-dire correspondant à une certaine idée de la beauté selon les époques.
Ces recherches ont donné naissance à des systèmes :
Léonard de Vinci : un corps tient dans un cercle et mesure huit têtes de haut.
Andrew Loomis : les yeux sont au milieu de la tête, dans un rectangle ou un carré.
Mais ces systèmes sont des outils de projection mentale, pas des vérités à plaquer sur n’importe quel visage.
Ils appartiennent à une démarche intellectuelle de modélisation, très différente de la pratique du dessin d’observation.
Le vivant ne rentre pas dans un cadre !
Lorsque l’on dessine d’après le vivant, tout change à chaque nouveau sujet. Le corps n’est pas figé : il bouge, il se penche, il regarde ailleurs.
Un corps en mouvement ne tient plus dans un cercle et ne mesure plus huit têtes.
Un visage vu de 3/4 n’a plus ses yeux au milieu du rectangle.
Et Léonard lui-même, face à un modèle vivant, gribouille, cherche, fait des repentirs. Il ne plaque aucune mesure toute faite. Il cherche à comprendre ce qu’il voit.
Il en va de même pour Loomis : face à la tête d’un individu singulier, vu d’un point de vue singulier, il observe, il adapte, il construit.
Faut-il abandonner les repères ?
Non. Ces repères peuvent être utiles pour vérifier une observation, pour dessiner d’imagination, ou encore pour structurer un visage parfaitement de face ou de profil.
Mais ils ne se substituent jamais à l’observation du vivant.
Le dessin n’est pas un art de certitude. C’est un art de l’adaptation.
Conclusion
Apprendre à dessiner, ce n’est pas apprendre des règles qu’on applique sans les questionner.
C’est apprendre à regarder, à comprendre, à s’adapter à la diversité des formes.
Les proportions du portrait en dessin sont une affaire d’équilibre entre connaissances théoriques et pratique de l’observation vivante.
Et c’est ce va-et-vient entre repères et regard qui construit peu à peu un vrai savoir-dessiner.
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