Même Monet faisait des croûtes !
🎨 Ce que Monet m’a appris sur les croûtes (et pourquoi c’est une bonne nouvelle)
Il y a quelques jours, à la faveur du printemps, je suis allé visiter la maison et le jardin de Claude Monet à Giverny.
Comme je n’y étais jamais allé (mieux vaut tard que jamais 😬), ma sœur m’a lancé comme un avertissement :
Et effectivement.
Dès l’entrée, dans la pièce qui tenait lieu d’atelier à Claude Monet, j’aperçois un accrochage disparate de toiles que je juge plus ou moins anecdotiques.
Certaines sont presque gentiment décoratives, comme les fameuses femmes à l’ombrelle, dont on se demande si elles n’ont pas été produites à la seule fin d’être imprimées sur les mugs que l’on achète à la boutique souvenir.
Rien d’exceptionnel, donc. Rien de bouleversant.
Pourtant je n’ai pas été déçu.
J’ai même été soulagé.
🌱 Monet ne se levait pas le matin pour empiler les chefs-d’œuvre
Ce que j’ai vu à Giverny fait du bien.
Parce qu‘on y décèle la recherche, le tâtonnement.
C’est comme si le Maître avait fait du Monet avant de devenir Claude Monet.
Il a peint des toiles sans éclat. Des essais. Des choses “gentilles” mais fades.
Et ce n’est pas grave.
C’est même comme ça que son œuvre s’est construite.
À vrai dire, plus j’avançais dans la visite, plus je voyais cette évidence :
Monet a cultivé son œuvre comme il a cultivé son jardin.
Par étapes. Par saisons.
Avec du soin, du temps, de la patience, des erreurs.
Après tout, il n’est pas né peintre, pas plus que jardinier…
Il est devenu l’un et l’autre en pratiquant et en modelant sa matière.
Il a fallu se tromper beaucoup avant de parvenir à l’équilibre, à l’harmonie, à l’évidence.
🖼 Ce qu’on oublie au musée
Le problème, c’est qu’on ne voit souvent que les réussites.
Dans les musées, dans les livres, dans les expos : tout semble linéaire, évident.
Mais c’est un effet de sélection.
Ce qu’on montre est choisi et ça crée une confusion pour celles et ceux qui apprennent à dessiner aujourd’hui :
Faux.
C’est parce que vous ratez que progressez.
Alors ne dissimulez pas vos ratages comme des outrages honteux mais incorporez-les à votre environnement.
🤗 Apprendre à s’entourer
À Giverny, j’ai aussi été frappé par l’environnement dans lequel Monet vivait.
- Des œuvres de ses pairs.
- Une large collection d’estampes japonaises.
- Un jardin pensé comme un tableau.
- Une maison baignée de lumière.
Il s’était construit un cadre fertile.
Il ne s’agissait pas de chercher l’inspiration mais plutôt de rester en contact permanent avec ce qui nourrit le travail.
Et, dans cet esprit, les toiles moyennes ou ratées faisaient, elles aussi, partie du décor.
Comme au jardin, la création est un processus.
Les éclosions passagères ou les fanaisons sont, en surface, les témoins d’un enracinement plus profond qui, à force de temps, de patience et d’écoute, sculpte un paysage.
Ainsi donc, pas de trophées dans l’atelier.
Pas plus d’échecs, mais plutôt une lente progression.
👹 Un compost fertile
Capitaliser sur ses erreurs pour nourrir ses explorations.
C’est exactement ce que nous vous proposons en ouvrant une nouvelle rubrique sur la plateforme :
Elle s’appelle le musée des horreurs.
C’est un espace pour partager vos pires dessins, pour en rire, bien sûr, mais surtout pour ne plus tourner le dos à vos fleurs fanées.
Parce qu’on ne construit pas une œuvre en effaçant les erreurs.
On la construit en les laissant vivre autour de soi.
Alors, à très vite dans le musée ?
👋 C’est tout pour cette semaine,
N’hésitez pas à nous dire de quoi est constitué votre environnement et quel est le sort vous réservez à vos dessins ou vos peintures ratées.
Si vous les ignorez, dites-vous que vous cultivez un jardin hors sol.
Alors, remettez les mains dans la terre !
On se retrouve dans deux semaines pour la 66ème édition de La Bobine 😊
PS: Nous concevons Un Autre Atelier comme un jardin.
Nous le cultivons avec nos abonnés pour qu’il constitue l’environnement le plus adapté à l’épanouissement de vos ambitions créatrices.
Cultiver son dessin demande seulement un peu de patience et d’attention.
Ce n’est pas plus compliqué que cela !