Perspective vs Observation en dessin : pourquoi il faut parfois lâcher les règles

perspective vs observation

Une histoire vraie pour commencer

Il y a quelques années, j’enseignais dans une école d’architecture. Un jour, lors d’un cours en extérieur, je laisse les étudiants s’installer et commencer à dessiner. Je fais un premier tour pour observer leur travail, et je remarque un étudiant dont la feuille est toujours blanche. Pourtant, il semble absorbé, concentré — presque en souffrance.

Je ne dis rien. Je poursuis ma tournée. Je repasse un peu plus tard : toujours rien, à peine deux traits sur la feuille. Je lui demande :
« Qu’est-ce que tu fais ? »
Il me répond :
« Je cherche le point de fuite. »

Quand le point de fuite devient un obstacle

À ce moment-là, je me rends compte que cet étudiant était incapable de me dire ce qu’il observait.

Il ne savait pas ce qu’il voulait dessiner. Toute son attention était focalisée sur la recherche du point de fuite, au détriment de ce qui se trouvait vraiment sous ses yeux.
Ce que cet étudiant « voyait » ne l’intéressait pas, en tout cas pas assez.

Je lui dis alors quelque chose de très simple :

« Tu peux chercher le point de fuite tant que tu veux. Il n’est pas écrit quelque part dans l’air, tu ne vas pas le voir. Change de place pour que ce que tu regardes soit plus intéressant qu’un point de fuite»

Le bon réflexe : changer de point de vue

Je lui propose donc de changer de place, de trouver un point de vue qui l’attire vraiment, suffisamment pour qu’il oublie un peu le point de fuite et s’intéresse davantage à ce qu’il a devant lui.

Il s’exécute.
Et quelques instants plus tard, il commence enfin un dessin.
Certes, pas parfaitement exact en termes de perspective géométrique.
Mais un dessin qui dit quelque chose du lieu. Qui témoigne d’une présence réelle.

Voir ou appliquer des règles : faut-il choisir ?

Je raconte cette anecdote parce qu’elle illustre une difficulté fondamentale en dessin :

Quand on s’accroche trop à des règles, on finit parfois par ne plus voir ce qu’on a devant les yeux.

La perspective conique — celle qu’on apprend dans les manuels, avec ses points de fuite, ses lignes de fuite, ses constructions rigoureuses — est un outil extrêmement utile.

Mais c’est un outil de projection. Elle appartient à la logique du projet : elle prépare un dessin à venir.

L’observation, elle, appartient au sensible.
Elle demande à ce qu’on soit présent, ici et maintenant, face à ce que l’on voit. Elle exige de la disponibilité, de la curiosité, parfois même de l’étonnement.

Perspective vs observation : une tension féconde

Quand on dessine, on est souvent pris entre ces deux pôles :

  • La règle, qui rassure, structure, guide.

  • Le sensible, qui déroute, qui demande qu’on se laisse toucher.

Et c’est justement dans cette tension que le dessin devient intéressant.
Il ne s’agit pas de rejeter la perspective, ni d’ignorer les outils techniques.
Mais de ne pas les laisser prendre toute la place.

Conclusion : faire confiance à ce qu’on voit

Apprendre à dessiner, ce n’est pas seulement apprendre des règles.
C’est aussi apprendre à voir ce qui nous touche vraiment, à se déplacer pour trouver un point de vue vivant, à faire confiance à son regard plutôt qu’à une construction mentale figée.

La perspective peut guider la main, mais seule l’observation donne du sens à ce qu’on trace.

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