Savoir dessiner la tête rapidement et simplement constitue une base solide et indispensable pour que l’ensemble du dessin reste cohérent et vivant.
Cet article est issu d’un mini-cours thématique en vidéo, disponible pour les abonnés d’Un Autre Atelier, consacré à la manière d’esquisser la tête sans perdre en justesse ni en expressivité.
Pourquoi dessiner la tête rapidement (et dans quelles situations) ?
En modèle vivant, lors de poses de deux ou trois minutes, il faut être capable de placer l’ensemble du corps, sans que la tête devienne un obstacle.
En croquis urbain ou en carnet de voyage, la scène se déroule sous vos yeux : vous devez figurer la tête et les silhouettes en quelques gestes, avant qu’elles ne disparaissent.
Et même dans un dessin plus long qui aboutira à un portrait détaillé, la première étape reste une construction d’ensemble.
Dessiner la tête rapidement, c’est savoir poser les grandes masses, relier tête et buste, et structurer le volume avant de chercher le détail.
En somme, la vitesse n’est pas synonyme de négligence : elle permet au contraire de mieux hiérarchiser votre regard et d’installer un dessin crédible et vivant dès les premières minutes.
Les trois pièges à éviter absolument
1. une tête comme un’ œuf sur un coquetier
Face à la difficulté du portrait, le réflexe du débutant est souvent d’éluder le sujet en réduisant la tête à un simple ovale fermé posé sur un cou mou.
2. Deux langages concurrents
Toujours parce que le portrait est un sujet proprice aux biais cognitifs , il est fréquent de voir chez les débutants un corps construit avec axes et volumes et relativement bien observé , mais un visage dessiné au contour, avec des détails “signifiants”.
Résultat : une rupture esthétique qui rompt la cohérence du dessin. La tête et le corps semblent étrangers l’un à l’autre.
3. La tête qui prend tout le temps
Encore parce que le portrait est un sujet qui absorbe et met la pression, le débutant va investir tout son temps sur le portrait ce qui fait qu’il n’a plus le temps de dessiner le reste.
Le dessin perd son unité et son énergie.
Rappelez vous, un bon dessinateur d’observation doit apprendre à synthétiser !
Ces pièges sont universels : les connaître permet déjà d’en sortir. A cette étape l’objectif n’est pas la perfection et la précision , mais la fluidité d’articulation entre la tête et le corps et un volume proportionné et dense.
Les quatre étapes pour construire une tête juste et rapide
1. Commencez par des formes ovoïdes souples
Posez une forme d’ensemble (tête, mâchoire, chevelure) avec un geste léger, tournant et ouvert.
Ne cherchez pas un contour parfait : la ligne doit rester vivante, prête à être ajustée.
Imaginez que vous “modelez” la tête dans l’air, plutôt que de la tracer .
💡 Ce travail s’appuie sur les outils de construction vus dans la formation Bases du dessin : axes, polygones, vides et silhouettes. Si vous débutez, c’est la première étape à maîtriser avant tout.
2. Structurez le cou et les clavicules
Le cou n’est pas une simple ligne reliant la tête au corps.
Cherchez deux grandes directions :
– la ligne du cou (muscle sterno-mastoïdien) qui descend de l’oreille vers le sternum,
– la ligne de nuque qui descend du dos vers l’épaule.
Les clavicules ancrent la tête dans le buste et créent la tension nécessaire à la posture, n’oubliez pas de les figurer !
Un cou bien posé donne immédiatement du poids et de la justesse à votre dessin.
3. Placez l’oreille, le vrai “nœud” du visage
L’oreille, loin d’être un accessoire décoratif, est un point de repère capital.
Elle relie la mâchoire, le cou et l’implantation des cheveux. Sa position permet de lire en un instant l’orientation de la tête (face, trois-quarts ou profil) et même si elle est levée ou baissée.
L’oreille n’a aucun besoin d’être détaillée : elle sert avant tout à lier les volumes. Oubliez la précision anatomique, cherchez la cohérence structurelle.
👉 La formation Morphologie consacre plusieurs séquences à ces liens essentiels entre tête, cou et buste. Vous y apprendrez à traduire le corps de manière précise et dynamique.
4. Ajoutez les sous-formes si le temps le permet
Une fois la tête orientée et reliée au corps, placez les trois grandes zones du visage :
le front, le nez et le bas du visage.
Tracez une médiane pour l’inclinaison générale et, au besoin, deux ou trois marques pour indiquer le regard, le bas du nez et la bouche.
Stoppez ici si vous êtes en temps court. Vous avez une tête lisible et juste, prête à accueillir le détail plus tard.
Ne cherchez pas encore à “faire un portrait”. Vous construisez une tête — une base structurée sur laquelle le portrait pourra s’appuyer.
Un biais fréquent : la boîte crânienne sous-estimée
Sous la pression du sujet « portrait » nous avons tendance à sous-dimensionner la boîte crânienne et surdimensionner le visage.
Pensez à regarder le volume global de la tête, y compris la chevelure, avant de placer les yeux ou la bouche.
Aidez-vous notamment de l’oreille qui vous permettra de sentir la distance à l’arrière de a tête.
Utilisez aussi les vides comme repères : le vide entre la tête et l’épaule, ou celui entre la tête et le fond, vous aide à corriger vos proportions sans calcul.
Trouver l’unité entre la tête et le corps
Pour qu’un dessin soit convaincant, la tête et le corps doivent “parler la même langue”.
Si le corps est bâti par volumes et axes, la tête doit suivre le même principe. Évitez les contours fermés et les détails décoratifs qui isolent la tête du reste du dessin.
Laissez vos lignes respirer et les volumes s’enchaîner. Vous gagnerez en densité et en cohérence.
Exercices simples pour progresser
Le carnet de têtes express (30 secondes à 1 minute) : observez les passants, les voyageurs du métro, les personnages d’un film. Cherchez uniquement la position et la direction de la tête.
Les poses rapides de modèle vivant : ovoïde, cou, oreille, clavicules, puis sous-formes si le temps le permet.
L’auto-diagnostic : notez si vous avez tendance à faire des têtes trop grandes ou trop petites. Corrigez consciemment pendant plusieurs séances.
La méthode par valeurs : sculptez le volume avec des masses de lumière et d’ombre plutôt qu’avec le contour.
Ces exercices entraînent votre regard à construire d’un seul geste, sans vous crisper sur le détail.
En résumé
Dessiner la tête rapidement, c’est avant tout dessiner juste, synthétique et relié.
Des formes ovoïdes souples, un cou dynamique, des clavicules visibles, une oreille bien placée, quelques sous-formes simples… et l’ensemble prend vie !
Vous évitez l’“œuf sur coquetier”, gagnez en unité et conservez un geste souple.
Allez plus loin
🎨 Pour approfondir ces notions, explorez la formation Bases du dessin : vous y retrouverez toutes les étapes de la construction (axes, volumes, silhouettes, vides).
Et si vous souhaitez mieux comprendre les volumes et les articulations du corps et du cou, la formation Morphologie vous aidera à structurer vos têtes et vos postures avec assurance.
À vous de jouer !
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